Exposition collective 01.09 - 29.10.2023 Exposition collective

All my loved ones like to fight

Une proposition et un texte d’Oriane Emery et Jean-Rodolphe Petter

Le CALM – Centre d’Art La Meute ouvre sa nouvelle saison avec une exposition collective composée de 9 artiste·x·s ayant notamment deux choses en commun : l’écriture et la ville de Lausanne. Tou·x·t·e·s y ont résidé et travaillé à un moment de leur vie (ou y résident encore). L’écriture, quant à elle, est engagée, militante et subversive. Suite à de multiples discussions, sessions de travail ou fêtes, le groupe s’est constitué. L’exposition s’est créée. Son titre présente d’une part le lien que nous entretenons avec les artiste·x·s et personnes impliquées dans ce projet et, d’autre part, son ambition curatoriale.

Vue d'exposition

Vue d'exposition "All my loved ones like to fight", 2023, CALM – Centre d'Art La Meute, photo : Théo Dufloo.

idem.

idem.

« All my loved ones like to fight » rassemble des œuvres qui établissent un lien privilégié avec la psyché des artiste·x·s invité·e·x·s. Ne vous détrompez pas, ce que vous voyez sous-tend autant l’ombre que la lumière, les obsessions, comme les désirs, les sensibilités comme les rejets. « J’aime trop ton visage quand tu baises » (Mahalia Taje Giotto), « Ressentez-vous aussi leur amertume méprisante et leur mélancolie acide ? » (Nayansaku Mufwankolo), « À la vie, à la mort, irrémédiablement » (Émilienne Farny). Défilant dans l’espace d’exposition, les phrases et citations de chacun·e·x·s nous interroge sur notre manière d’appréhender les combats quotidiens. Avez-vous peut-être entendu, très jeune, la phrase « La vie est un combat » ? Du point de vue d’un enfant à l’expérience de l’âge adulte se profilent de multiples virages et intersections.

Par cette exposition et son programme de podcasts et d’événements pluriels (artist’s talk, table ronde ou encore workshops), le CALM – Centre d’Art La Meute souhaite initier une discussion avec son quartier et son public sur ce qui nous lie. Intitulée « Y a-t-il quelque chose de plus excitant que d’écrire sa propre histoire ? », la thématique annuelle invite à l’échange et au partage par le biais du particulier, du populaire, du politique ou de l’humour.

Mahalia Taje Giotto, <em>Existential Boner</em>, 2023, photographies et graffiti, dimensions variables, photo : Théo Dufloo.

Mahalia Taje Giotto, Existential Boner, 2023, photographies et graffiti, dimensions variables, photo : Théo Dufloo.

Nayansaku Mufwankolo, <em>At once the dark sand and the sea, the abyss andthe cliff</em>, détail, 2023, chaînes, papier rigide translucide et stylo feutre, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

Nayansaku Mufwankolo, At once the dark sand and the sea, the abyss andthe cliff, détail, 2023, chaînes, papier rigide translucide et stylo feutre, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

Émilienne Farny, <em>Graffiti no 4</em>, 1994, acrylique sur toile, 100 x 135 cm, photo : Théo Dufloo.

Émilienne Farny, Graffiti no 4, 1994, acrylique sur toile, 100 x 135 cm, photo : Théo Dufloo.

En plus de la peinture d’Émilienne Farny (1938-2014) représentant une rue de Lausanne couvertes d’inscriptions en 1994 probablement située au Flon, dû à sa proximité his- torique avec le graffiti à Lausanne, l’exposition invite les photographies et le graffiti de Mahalia Taje Giotto, le poème afrocosmique de Nayansaku Mufwankolo (à la différence de l’afrofuturisme où la redéfinition de la culture et la conception de la communauté noire est basée sur une projection temporelle terrestre future, la pensée afrocosmique s’intéresse à d’autres espaces-temps relatifs à la physique quantique) ainsi qu’une performance de Garance Bonard annoncée par une installation intimiste composée de miroirs et de chaînettes en laiton.

Grandee Dorji propose une vidéo augmentée par une intervention sur une des vitres de l’espace d’exposition. Composée de tampons fait mains, l’artiste joue, dans sa vidéo, un officier d’immigration (la traduction en français est disponible à la dernière page du présent dossier). À l’entrée de l’espace d’exposition sont accrochés deux dessins de Luca Frati. Ces images dépeignent l’univers de l’artiste où le genre (homme-femme) n’est plus un fondement biologique. Durant le vernissage, sa performance raconte ses aléas amoureux dans notre société. L’obsession et la passion citées plus haut en résonance à la phrase sprayée par le photographe Mahalia Taje Giotto est également manifeste chez KVALEE. Le graffeur émérite lausannois a laissé sa trace dans la capitale vaudoise. Ce n’est pas par le graffiti qu’il s’exprime ici, mais par une référence à l’environnement urbain, propre à cette pratique.

Garance Bonard, <em>Don’t look at yourself</em>, 2023, miroirs, stickers, maquillage, dimensions variables, photo : Théo Dufloo.

Garance Bonard, Don’t look at yourself, 2023, miroirs, stickers, maquillage, dimensions variables, photo : Théo Dufloo.

Grandee Dorji, <em>Papers, please</em>, 2023, vidéo et tampons, durée 10 min, photo : Théo Dufloo.

Grandee Dorji, Papers, please, 2023, vidéo et tampons, durée 10 min, photo : Théo Dufloo.

Grandee Dorji, <em>Papers, please</em>, 2023, vidéo et tampons, durée 10 min, photo : Théo Dufloo.

Grandee Dorji, Papers, please, 2023, vidéo et tampons, durée 10 min, photo : Théo Dufloo.

Vue d'exposition

Vue d'exposition "All my loved ones like to fight", Luca Frati (sol), Tara Ulmann (mur), 2023, CALM – Centre d'Art La Meute, photo : Théo Dufloo.

KVALEE, <em>Amours Réels</em>, 2023, installation, ballast, panneau CFF, tronçon derail et frein de train de marchandise, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

KVALEE, Amours Réels, 2023, installation, ballast, panneau CFF, tronçon derail et frein de train de marchandise, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

Finalement, Tara Ulmann et Eva Ayache-Vanderhorst nous entraînent vers leur propre rituel. Aux côtés d’étagère et d’un papier à motifs encadré, Tara Ulmann présente au public une série de dix fioles contenant des lettres intimes brûlées puis découpées. Telle une étagère d’un cabinet de curiosité (collection particulière à caractère scientifique populaire au XVIIème siècle en Europe notamment), il devient naturel de s’en approcher pour en saisir les traces, les indices sauvés des flammes.

L’installation composée d’une plaque lumineuse, sur laquelle est déposée une toile peinte, est entourée de pointes métalliques suspendues au plafond représente le rapport de l’artiste aux arts divinatoires. Eva Ayache-Vanderhorst reflète ici sa relation au monde sensible (l’opposé du visible). Proche de l’esthétique des peintures rupestres, l’artiste évoque un retour à l’âme, au véritable en refus aux dérives néo-libérales que notre planète scande aujourd’hui.

Tara Ulmann, <em>Disclaimer (Theory of Desire)</em>, étagères, tatouages éphémères,mine graphite, 60 x 30 x 115 cm, photo : Théo Dufloo.

Tara Ulmann, Disclaimer (Theory of Desire), étagères, tatouages éphémères,mine graphite, 60 x 30 x 115 cm, photo : Théo Dufloo.

Tara Ulmann, <em>Dear Deer Dire (Correspondances)</em>, verre, bouchons de liège,papier millimétré, encre rose, feu de bengale, 3 x 8 x 1,7 cm, 10 éléments, photo : Théo Dufloo.

Tara Ulmann, Dear Deer Dire (Correspondances), verre, bouchons de liège,papier millimétré, encre rose, feu de bengale, 3 x 8 x 1,7 cm, 10 éléments, photo : Théo Dufloo.

Eva Ayache-Vanderhorst, <em>L’archéologue, la constellation</em>, détail, 2023, installation, peinture à l’huile sur lin, plaque lumineuse, pendules en métal, chaînes, plâtre, polystyrène, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

Eva Ayache-Vanderhorst, L’archéologue, la constellation, détail, 2023, installation, peinture à l’huile sur lin, plaque lumineuse, pendules en métal, chaînes, plâtre, polystyrène, dim. variables, photo : Théo Dufloo.

Le projet “BAZM” a été rendu possible grâce au généreux soutien de la Ville de Lausanne et de Pro Helvetia.